Le crime d’être né Palestinien

Publié le par paix en palestine

Daoud Fakaah, père du petit Khalid mort au checkpoint d’Atara, à l’âge de 6 mois

 

 

 

Il y a presque deux semaines, mon ami Daoud, professeur d’anglais au lycée de Ku-fr’Ain, m’a appelée, au bord des larmes, pour me raconter comment on l’a bloqué au checkpoint d’Atara - ce qui a coûté la vie à son fils âgé de six mois.

 Peu de temps après minuit le 8 mars 2007, son bébé a commencé à éprouver des difficultés respiratoires. Ses parents ont rapidement pris un taxi pour l’amener à l’hôpital le plus proche à Ramallah, où ils espéraient le mettre sous respiration artificielle, ce qui l’avait aidé dans le passé à récupérer pendant des périodes respiratoires difficiles. Alors que la famille se précipitait de leur ville palestinienne en Cisjordanie à leur hôpital palestinien en Cisjordanie, ils ont été arrêtés au checkpoint d’Atara, où un soldat israélien a demandé au père, à la mère, et au chauffeur, leurs cartes d’identité. Daoud a expliqué au soldat que son fils avait un besoin urgent de soins médicaux mais le soldat a insisté pour vérifier d’abord les trois identités, processus qui prend généralement quelques minutes.

 

La voiture de Daoud était la seule voiture au checkpoint au milieu de la nuit, pourtant le soldat a retenu les trois cartes d’identité pendant plus de vingt minutes alors que Daoud et son épouse commençaient à pleurer, le priant de les laisser passer. Après quinze minutes, la bouche du bébé de Daoud a commencé à déborder de liquide et mon ami a supplié le soldat de les laisser passer parce que son fils se mourrait. Au lieu de cela, le soldat a exigé de faire une recherche sur la voiture après avoir vérifié les identités. A 1h 05 du matin, Khalid, le fils de Daoud Fakaah âgé de six mois rendit l’âme au checkpoint de Atara. Après avoir terminé son contrôle sur la voiture, le soldat a pointé sa lampe-torche sur le visage de l’enfant mort et, réalisant ce qui était arrivé, il a finalement rendu les trois pièces d’identité et autorisé la famille en deuil à passer.

 

Checkpoints et pièces d’identité. Retenez bien ces mots. N’importe quelle victime ou témoin de l’Apartheid peut raconter des douzaines d’histoires d’horreur comme celle qui est arrivée à la famille Daoud. L’Afrique du Sud a utilisé un système semblable pendant l’époque de l’Apartheid, c’était les « Pass Laws » ou règlements de circula-tion qui permettaient au gouvernement sud-africain de contrôler les mouvements des Africains noirs. Les noirs devaient avoir des documents personnels d’identification qui exigeaient d’être cachetés par le gouvernement pour que leurs porteurs puissent se déplacer dans leur propre pays. De même, les Palestiniens de Cisjordanie sont tenus d’avoir des cartes d’identification délivrées par les autorités israéliennes et qui indiquent quels secteurs, quelles routes, et quels lieux saints sont ou ne sont pas accessibles. Les Pass Laws ont permis à la police sud-africaine d’arrêter des noirs à volonté. De même, les forces israéliennes d’occupation emploient des cartes d’identification non seulement pour surveiller les mouvements des Palestiniens, mais aussi pour justifier les détentions et les arrestations arbitraires fréquentes dans l’impunité générale. Les résidents juifs de Cisjordanie (comme tous les Israéliens juifs) ont d’autres cartes d’identification, qui indiquent leur nationalité « juive », et leur accordent la permission automatique pour accéder aux routes modernes et à presque tous les lieux saints, routes et lieux saints interdits à la plupart des Palestiniens.

Source : Anna Baltzer (volontaire du International Women’s Peace Service en Cisjordanie. Elle est l’auteur du livre « Témoin en Palestine : Journal d’une femme juive américaine dans les Territoires occupés. »  voir son site Web).

Publié dans Paroles de Palestine

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